« Guerre, mensonge et vidéo »

Servent 16 03 2016

Le mercredi 16 mars, Pierre Servent, journaliste indépendant et expert en stratégie militaire, était l’invité de Géostratégies 2000, au cours d’un petit-déjeuner organisé dans les restaurants du Sénat, Salon Pourpre. Alors que son dernier ouvrage « Extension du domaine de la guerre » vient de paraître, il nous a fait part de ses convictions, fruits d’une expérience de plus de vingt ans dans l’’armée française. Il nous a éclairés sur les tenants et aboutissants des conflits en cours, sans rien cacher des menaces grandissantes qui nous entourent. Il nous a également incités à réfléchir sur la stratégie militaire présente et à venir de la France. Les attentats de janvier ont confirmé mes craintes, assène d’entrée de jeu Pierre Servent. Depuis longtemps, je tentais d’alerter, en affirmant haut et fort que la France était dans le collimateur du salafisme totalitaire et que la guerre était déclarée. Je préconisais la création d’une garde nationale, la re-dynamisation de la réserve. Malheureusement, il a fallu attendre les massacres de novembre dernier pour que ces sujets retiennent l’attention. D’ailleurs, après janvier 2015, j’ai été abasourdi par la torpeur et le manque de réaction  générale. Nous sommes sous l’emprise de la dictature des trois « I « : Insouciance, Idéologie et Individualisme, » et ne savons pas comment affronter ces « drôles de guerre ». Elles sont très éloignées de ce que nous connaissons, mais se rapprochent quelque peu de la période comprise entre septembre 1939 et mai 40. La guerre est déclarée, mais rien ne se passe, il y a une certaine tranquillité, jusqu’à l’attaque allemande et l’effondrement de la France. Nous sommes dans le déni, observe Pierre Servent. Pourtant, on savait, au plus haut niveau, que des attaques de salles de concert étaient prévues.

Cette extension du domaine de la guerre recouvre plusieurs dimensions. La première est géographique. Daech a désormais des métastases sur tous les continents, excepté l’Antarctique et l’Amérique du Sud. Ce sont même de véritables cancers dans des pays comme la Tunisie, l’Egypte, le Sahel, l’Indonésie et bien d’autres encore. Il y a parfois un ralliement d’anciennes cellules d’Al Qaïda,  ou au contraire une concurrence, comme avec AQMI au Sahel.

En Europe, c’est la Belgique qui, proportionnellement, fournit le plus de djihadistes. Elle a commis l’erreur de confier la formation de ses imams à l’Arabie Saoudite, note Pierre Servent. Et cela a été lourd de conséquences. En effet, l’Arabie Saoudite, qui veut affirmer la légitimité de son leadership sur la communauté musulmane, et notamment l’Iran, prêche et défend le « wahhabisme », un islamisme ultra puritain, dont se nourrit Daech.

LA MULTIPLICATION DES MENACES

Il faut également prendre en compte la nature des combattants, ce sont maintenant des familles entières qui sont concernées. Les enfants sont instruits, dès leur plus jeune âge, dans le culte de l’islam le plus radical, tout comme leurs mères, qui avant leur conversion, pouvaient être de jeunes catholiques, ou même des athées. Cela pose le problème des enfants et femmes soldats kamikazes. Il y a une étroite imbrication entre population civile et combattants, une stratégie clairement assumée par Daech, et qui rend plus complexe les bombardements.

Enfin, il y a un très fort accent mis sur tout ce qui touche au « cyber ». La cyberpropagande, avec des revues, des vidéos mises en ligne par des équipes de communication professionnelle. Une mise en scène de l’horreur avec des équipes créatives, qui font office, en quelque sorte, d’agences de publicité. Toutes ces mises en scène, très « hollywoodiennes » (le pilote jordanien brulé, les décapitations…) sont destinées à nous terrifier et à fasciner les jeunes les plus fragilisés, à réveiller les pulsions les plus primitives, comme le goût du sang, martèle Pierre Servent.

Le cyberrecrutement joue également un rôle de premier plan. Les officiers de Daech, qui représentent 90 nationalités et peuvent donc toucher le plus vaste des publics, recrutent sur Internet. Leur travail est astucieux, ils provoquent une rupture entre le jeune qui a mordu à l’appât et son milieu d’origine, et le placent ainsi dans un état de dépendance face à son officier recruteur. Une démarche bien rodée et qui donne de bons résultats.

Quant à la cyberguerre, elle n’est encore qu’embryonnaire, reconnaît Pierre Servent. Certes, il y a eu des attaques informatiques, comme le piratage d’un site militaire américain, avec l’intrusion sur les écrans d’un drapeau de Daech, alors que le Président Obama visitait la base. Mais, le but ultime serait de détruire des centrales nucléaires et des QG militaires. Or, une attaque de ce type, surtout si elle vise les USA, serait perçue comme un nouveau Pearl Harbour, avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer.

Il ne faut pas non plus négliger l’aspect psychologique. De nombreux chefs d’état adoptent désormais des postures très offensives. En Russie, en Turquie, en Chine, et bien sûr le Califat Islamique. Cette désinhibition par rapport à l’usage de la force vient du recul des Américains. Lorsque le Président Obama ne réagit pas à l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, durant l'été 2013, c’est un signal de faiblesse, il semble ne plus y avoir de puissance dominante. Et les actes offensifs se multiplient. La Russie annexe la Crimée, la Chine renforce de plus en plus  son armée de projection et développe des missiles destinés à détruire des porte-avions, très certainement américains, puisqu’ils sont les seuls à naviguer dans cette région du monde… L’ONU et l’Union Européenne ne parviennent plus à s’imposer sur la scène internationale. De nouvelles stratégies de puissance s’élaborent. L’Arabie Saoudite, qui n’a plus une très grande confiance dans les Etats-Unis, se rapproche de la France. Une alliance se forme entre la Russie et la Turquie, mais elle explose suite à de trop forts désaccords. En fait, remarque Pierre Servent, les Présidents Poutine, Erdogan  et Xi Jinping pensent tous les trois être investis d’une mission divine. Le premier veut restaurer la « Grande Russie », le second la « Sublime Porte Ottomane » et le troisième, le « maoïsme », d’où de très fortes purges actuellement dans le pays. Ils sont tous les trois persuadés que le monde est gangréné par le modèle occidental, le consumérisme, le rejet de la religion, la libération des mœurs. Ils veulent représenter une force régionale qui s’appuie sur une forme de religion (orthodoxe, musulmane et maoïsme). Ce sont en quelque sorte des « démocratures ».

L’OBLIGATION DE FAIRE FRONT

Face à ce retour du désir de guerre, l’Europe est « larguée », martèle Pierre Servent. Depuis sa création et le rejet en 1954 de la CED (Communauté Européenne de Défense), il est clair qu’elle se construit contre la guerre, jugée immonde et immorale. Elle choisit de se développer sur un plan économique et social, à l’abri du mur de Berlin. Elle défend une approche « gentil bisounours », convaincue que la paix est éternelle. Deux Etats font exception à la règle, la Grande-Bretagne et la France, très présents sur toutes les zones de conflit, dans les Balkans, en Irak, en Afghanistan et en Afrique. Mais, pour tous les autres membres, cette situation est très confortable, car elle ne coûte rien et n’entraîne aucune vindicte populaire. Ils ne peuvent donc être touchés par des accusations injustifiées de génocides, comme c’est le cas pour la France au Rwanda.

Cette philosophie, qui a prévalu pendant plus de cinquante ans, explique en grande partie pourquoi l’Union Européenne rencontre tant de difficultés à traiter du problème des réfugiés, soupire Pierre Servent.

Toutefois, se réjouit-il, la France est le seul pays à disposer d’une armée qui tienne encore la route

Même si les gouvernements successifs ont sacrifié notre Défense et ont réduit de plus en plus son budget pour préserver notre protection sociale, notre engagement militaire est indéniable.

Il y a une omerta sur ce que font nos armées, des missions peu compatibles avec un centre de gravité qui tourne autour du « compulsionnel, émotionnel et lacrymal». Personne ne connaît le nom du Chef d’Etat Major des Armées, la figure du militaire a disparu des média. Le seul qui ait été sous le feu des projecteurs est le Général Morillon,  Commandant de la Force de protection des Nations Unies en Bosnie Herzégovine, en 1993, il n’a pas réussi à éviter le massacre des musulmans de l’enclave de Srebrenica, tombée aux mains des Serbes. Mais, c’est sa demande officielle de pardon au nom de l’Europe qui a fait de lui une sorte de « Mère Teresa en treillis » remarque Pierre Servent.

Nous refusons d’affronter la réalité, l’hypocrisie domine. Le « gauchisme culturel » a chassé le militaire, décrit comme catholique et de droite. Des valeurs comme l’engagement, la solidarité, l’esprit de corps ou encore le patriotisme ont été occultées, car elles n’étaient pas au diapason avec une certaine idéologie prônée par l’intelligentsia. Or, il va falloir absolument résoudre ces paradoxes, car maintenant, les Français ont peur, insiste Pierre Servent.

Après avoir mordu la poussière, comme en 1870, en 1914 et en 1940, nous commençons à mettre en place des réformes. L’état d’urgence a été proclamé, la loi sur le renseignement votée, mais notre mode de gestion est toujours celui du temps de paix et les mesures prises ne seront opérationnelles que d’ici trois-quatre ans. Il faut aussi détruire Daech, militairement, même si cette option ne résout pas tout. Il faut, en parallèle, miser sur le développement économique et sociétal de ces populations, lutter diplomatiquement contre l’islamisme radical et ses valeurs, retrouver notre fierté nationale.

Notre Armée compte de nombreux talents, elle est en pointe dans beaucoup de secteurs, mais l’asphyxie la guette. Elle ne pourra soutenir indéfiniment les nouveaux rythmes imposés par la guerre. Le manque de moyens, en hommes et en matériel, va devenir crucial.

Ces questions de défense concernent tous les citoyens, elles sont primordiales, tout comme l’avenir de l’Europe. Ces enjeux, trop souvent délaissés, doivent se retrouver au cœur de la prochaine campagne présidentielle, conclut Pierre Servent.

Après ce brillant exposé, Raymond Douyère, Président de Géostratégies 2000, a animé le débat, riche en échanges.

Francis Babé (Directeur des Etudes - Association régionale des auditeurs IHEDN) : Faut-il faire son deuil de l’Europe ou peut-on encore espérer?

Je ne veux pas désespérer de l’Europe. Malgré ses défauts, c’est une belle construction. Mais, elle est en train d’imploser à cause des migrants, du terrorisme et de la poussée des forces populistes.

La Belgique, par exemple, n’investit pas assez dans la lutte contre le salafisme, dans le renforcement de ses services de renseignement.

L’Europe doit retrouver ses ressorts, mais je suis actuellement très inquiet à cause de la gestion désastreuse du problème des réfugiés.

Jacques Taranger  (Inspecteur du Personnel Civil de la Défense) : Que penser pour le renseignement des relations françaises extérieur- intérieur (DGSE - DCRI) et de son efficacité?

Le Sénat et l’Assemblée Nationale font un très bon travail. Ils auditionnent régulièrement les patrons de la DGSE et de la DCRI et en rendent compte dans des rapports très intéressants.

Globalement, les relations sont bonnes, mais ces deux entités ne partagent pas tout, il peut y avoir des querelles de chefs, d’ego.

La dimension judiciaire de la DCRI est parfois critiquée.

Selon moi, l’idéal serait de regrouper ces deux directions sous l’autorité d’un Ministre rattaché à Matignon.

Avec nos partenaires européens, il y a une volonté de coopérer, mais encore une grande inaptitude à se mettre dans une ambiance de guerre, d’où un manque d’efficacité.

Avec le Maroc, les relations sont bonnes. C’est plus compliqué avec la Tunisie, à cause de difficultés techniques, et l’absence d’un grand système informatisé et centralisé.

Quant à l’Algérie, sa situation est très inquiétante, elle va imploser, car elle ne dispose plus de la manne pétrolière qui achetait la paix.

La France doit mettre l’accent sur  «l' intelligence » au sens anglo-saxon du terme. L’espionnage ne suffit pas, il faut puiser dans l’expérience, partager les informations.

Thierry Le Roy (Conseiller d’Etat) : Quelle est votre analyse sur Daech, ce mouvement salafiste devenu un état?

Pouvez-vous évoquer la différence de comportements des états européens face à Daech?

Lorsqu’Al Baghdadi a proclamé le califat de l’Etat Islamique en Syrie et en Irak, il a réussi un coup de génie. Au milieu du chaos, il accueille tout le monde, pas seulement des combattants. II recrée une sorte d’état, installant eau et électricité, construisant même des usines de traitement de déchets. Il s’appuie sur une police religieuse et des gouverneurs et efface les frontières issues de la colonisation, une mesure jugée très positive. Il fait de Racca (Le Levant) la capitale. Cette stratégie permet à Daech de reprendre des combattants à Al Qaïda, mais, depuis quelques mois, le califat se fragilise à cause des frappes aériennes, notamment sur les convois de camions citerne, ce qui réduit les recettes pétrolières. Il perd du terrain, mais en réaction, multiplie les attentats. il veut prouver sa force et son don d’ubiquité.

Si Racca et Mossoul tombaient, il a déjà une un plan de débordement sur la Libye et la Tunisie, où de très nombreux djihadistes sont infiltrés, ce qui le rapprocherait dangereusement de l’Europe.

Je plaide pour un axe militaire Paris/Londres/Berlin. Malheureusement, pour le moment, les Britanniques ont perdu beaucoup de leurs capacités, une grande partie de leur matériel a été détruit en Irak et en Afghanistan. C’est une vraie catastrophe, qui explique la décision de la Chambre des Communes en 2013 de ne pas aller combattre en Syrie. Toutefois, nous travaillons toujours très étroitement avec leurs Forces spéciales, et si le Brexit devait se concrétiser, je ne pense pas que cela aurait une incidence au niveau militaire.

Les Allemands sont toujours dans la logique de la non intervention. Mais, les attentats de Paris les ont traumatisés et ils sont de plus en plus tiraillés entre l’école « gentil bisounours » et  la nécessité du réalisme.

Les Belges et les Suédois envoient souvent des troupes à nos côtés.

On constate que les défauts français se retrouvent à la puissance 50 chez les Européens.

Georges Grosz (Consultant - Associé Corporate Development International. Président d’Honneur des Anciens de LSE en France) : Faut-il envoyer des troupes au sol pour éliminer Daech?

Les frappes aériennes ont affaibli Daech, surtout depuis qu’elles visent les camions de pétrole. Au départ, les Américains refusaient de les bombarder, car les chauffeurs étaient turcs, donc ressortissants d’un pays membre de l’OTAN.

Mais après novembre 2015, ils ont abandonné cette tactique. Désormais, un premier passage d’avions lance des tracts pour annoncer les bombardements, et au deuxième passage, il y a des frappes.

L’envoi de troupes au sol pourrait être déterminant, mais il faut des soldats locaux, pas des Occidentaux. Sinon, cela ranimerait les guerres de religion.

Bernard Henriot (BH Conseil) : Savons nous où en est Daech dans sa maîtrise des armes bactériologiques ?

Selon certaines sources, Daech aurait des armes chimiques, des vieux stocks de Saddam Hussein. Ils essaient de les utiliser, il y a des ateliers de reconfiguration de ces armements, qui sont souvent pris pour cibles par les avions américains.

Pour ce qui est de la contamination, ce n’est pas un processus simple. Mais Daech y songe, et même si le stade n’était qu’embryonnaire, il pourrait tenter le coup, pour affoler encore plus les populations occidentales.

Jean-Louis Pierrel (Relations Universitaires IBM France. Secrétaire Général Adjoint Géostratégies 2000) : Il ne suffit pas de gagner militairement la guerre, il faut surtout gagner la paix. Quid d’une victoire sur Daech au Moyen-Orient et au Sahel?

Quid d’une confrontation en Mer de Chine?

Le monde arabo-musulman est en panne, il n’y a plus d ‘enrichissement intellectuel et c’est là une des raisons de tous ces conflits, il n’apporte plus de contributions aux sciences, il y a un effondrement des publications éditoriales.

A Alger, il n’y a plus que 10 librairies pour 4 millions d’habitants.

La paupérisation entraîne la radicalisation des jeunes, qui sont par ailleurs de plus en plus séduits par le mythe du complot.

On retrouve ce problème dans nos banlieues, avec plus de 8500 " fiches S ". Le signe que les métastases se développent très vite.

Même si les terroristes sont qualifiés de «branleurs», il faut quand même 3 à 4000 hommes pour les neutraliser.

Tout ceci est très déstabilisant. Pour y faire face, nous devons revendiquer notre identité culturelle, ne pas oublier notre héritage catholique et monarchique, ces valeurs sur lesquelles notre pays s’est construit.

A propos des incidents en Mer de Chine, il faut reconnaître que la Chine n’a plus aucun préjugé par rapport à la guerre. Elle développe des missiles navals, destinés à frapper les porte-avions américains, qui essaient de faire barrage à la politique expansionniste de Xi Jinping.

Il faut savoir que les Chinois coulent eux mêmes des antiquités dans la mer. Un an plus tard, ils les ramènent à la surface et proclament leur souveraineté sur cet espace maritime.

Tous les pays voisins ont peur. Le Japon, qui n’a pas d’armée depuis 1945, vient de changer sa législation pour pouvoir sortir militairement de ses frontières.

On ne peut plus nier les tensions croissantes.

Luc Debieuvre (Partner Global Private Equity) : Pensez-vous que la querelle croissante entre l’Arabie Saoudite et le Liban n’est que le reflet d’un état d’humeur négatif, mais passager, suite aux événements de Téhéran?

Ou, au contraire, le signe d’un accroissement du conflit régional chiite-sunnite via le Liban, avec risque d’implosion consécutive de ce pays?

Pensez-vous que la diplomatie française a, ces dernières années, effectué un virage à 180° en prenant ouvertement le parti du clan sunnite? Quitte à mettre sur le même plan, au titre de ses ennemis Bachar et Daech?

Entre les Saoud (qui sont sunnites) et les Perses (qui sont généralement chiites), il y a une guerre de puissance, mais aussi de religion.

Dans les familles perses, on répète depuis toujours aux jeunes générations que cette religion a été imposée par l’envahisseur arabo-musulman. Il y a une mémoire profonde.

Par ailleurs, les berbères et les arabes se haïssent.

Il y a actuellement un double réveil de l’Arabie Saoudite, qui veut fédérer un clan sunnite et a choisi de s’appuyer sur la France, et d’autre part, de l’Iran, désormais libéré du problème nucléaire.

C’est un peu comme choisir entre la peste et le choléra.

Le Liban est l’illustration de la montée de ces tensions hégémoniques. Riyad se montre de plus en plus offensif contre tous les soutiens de l’Iran, donc le Hezbollah.

C’est un pays très fragile, qui vit sur un baril de poudre en permanence, avec son million de réfugiés et ses 17 confessions différentes.

La diplomatie française, qui fait un travail remarquable, est très écoutée. Elle a de l’influence, car elle a des soldats sur le terrain et est membre du Conseil de Sécurité.

La France a joué la carte sunnite et poursuit dans cette voie. Nous avons besoin d’une alliance avec l’Arabie Saoudite, même si cette dernière a aidé à la construction de Daech.

Il est impossible que Bachar Al Assad soit dans la solution politique de reconstruction de la Syrie. il a la responsabilité de la plus grande partie des morts de son pays. Cette politique suicidaire est dans la veine des alaouites, minoritaires (10% de la population), pauvres et méprisés, avant de devenir, lors de la décolonisation, militaires et fonctionnaires et ensuite de s’emparer du pouvoir. Le sang et le chaos ne les effraient pas…

Marie-Clotilde Hingray Propos non revus par les intervenants * Dernier ouvrage paru « Extension du domaine de la guerre » (Laffont)